Séminaire de Frank Lehmkuhl, professeur à l'Université d'Aachen (Allemagne)

Le lœss est l'une des archives terrestres les plus importantes de l'évolution du paysage et de l'environnement au Pléistocène. Le dépôt de lœss, qui dépend de la dynamique géomorphologique dans différentes situations de relief, est donc important pour la préservation des sites paléolithiques. L'épaisseur et la résolution temporelle de la couverture de lœss varient en fonction du relief et de l'environnement tectonique et climatique. En outre, les dépôts de lœss ont subi des altérations post-dépôt telles que la cryoturbation, la bioturbation et la pédogenèse, qui masquent les preuves anthropiques. La compréhension de la relation entre la position du relief et les processus géomorphologiques permet une analyse plus complète de la stratigraphie complexe des séquences de paléosols de lœss et des environnements sédimentaires liés au (paléo-) relief. L'histoire de la recherche dans l'Embranchement du Rhin inférieur est exemplaire pour la recherche archéologique et paléoécologique combinée dans un paysage de lœss typique de l'Europe centrale (Lehmkuhl et al., 2023).
À l'échelle européenne, Lehmkuhl et al. (2021) fournissent une nouvelle carte des lœss comprenant la différenciation des lœss (faciès) en 6 domaines principaux et 17 sous-domaines, afin de comprendre et d'expliquer les facteurs qui contrôlent leur distribution. Pour la subdivision, ils ont utilisé les critères suivants : (1) l'influence des zones de production de limon, (2) l'appartenance à des sous-bassins versants, les rivières étant des agents de transport de limon très importants au niveau régional, (3) l'occurrence d'une activité périglaciaire passée avec une surimpression caractéristique des dépôts. En outre, Boemke et al. (2023) évalue, sur la base de cette approche de cartographie du loess et d'autres géodonnées, la distribution spatiale de 4200 occupations du Paléolithique supérieur et final sous deux angles différents, à savoir le choix de l'implantation passée et la probabilité de découverte. D'une part, la distribution des sites est donc examinée en fonction de facteurs liés à l'établissement, tels que la topographie, la géologie et la sédimentologie. D'autre part, les biais liés à la découverte, tels que l'occupation récente du sol et l'activité de construction, ont été analysés. Les évaluations spatiales et statistiques exhaustives montrent que la distribution réelle des sites semble être fortement influencée par les biais d'échantillonnage.